Aujourd’hui, l’Association Suzanne Michaux interview une de ses créatrices d’entreprise : Maïten de Saint Paul, créatrice d’Amaïtierra, une épicerie fine éco-responsable de produits d’exception
Bonjour, qui êtes-vous ? Et quelle est votre histoire ?
Maïten, 57 ans, je suis mariée, mère de 4 enfants, et grand-mère de 5 petits enfants.
J’ai longtemps vécu à l’étranger, enfant, étudiante puis avec mon mari. J’ai eu la chance de pouvoir élever mes enfants et de pratiquer le tennis en compétition pendant 15 ans, ce qui m’a donné le goût du challenge, avant de me mettre à travailler en 2009.
Quel est votre parcours professionnel ?
Après avoir débuté dans le développement commercial, j’ai bifurqué vers la gestion de logements sociaux puis dans une ONG (le Secours Catholique à Versailles). J’ai ainsi été amenée à travailler pendant 4 ans dans le secteur agro-alimentaire puis dans celui de l’Economie Sociale et Solidaire.
Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans un projet entrepreneurial ?
Lors d’un séjour de 10 ans en Espagne, j’ai rencontré des amis agriculteurs, producteurs d’olives, noisettes et amandes. De retour en France en 2001, j’interroge la coopérative qui conditionne leurs produits pour savoir où trouver ces produits. Pour toute réponse, ils me répondent que faute de distribution en France, ils m’enverront un camion ! Ainsi de 2001 à 2018, pour me réapprovisionner et faire profiter mon entourage familial et amical, j’organise une commande annuelle, qui ne cesse de se développer.
En 2008, un premier bilan de compétence me conseille vivement de créer mon entreprise. Ne m’en sentant pas l’envergure, j’ai donc cherché un travail comme salariée.
En 2018, j’ai été accompagnée par Acte 78 pour réfléchir à mon évolution professionnelle. Ce bilan de compétences est arrivé à la même conclusion : je ne devais pas écarter la création d’entreprise. J’ai donc contacté l’Association Suzanne Michaux et 6 mois plus tard, je déposais mes statuts.
Comment avez vous eu l’idée de votre projet ?
Suite à un MOOC sur l’entreprenariat social en 2017, qui m’a particulièrement motivé, j’ai voulu m’appuyer sur le développement d’une activité commerciale pour être actrice du bien commun. Ainsi une part importante des bénéfices (15%-20% en 2020 et 2021), est reversée à trois ONG, pour l’accompagnement de personnes en situation de précarité en France, en Afrique et au Moyen Orient, d’une part, et pour la plantation d’arbres au Cambodge et à Madagascar d’autre part. Dans les mois à venir, je pense également faire les démarches pour être labélisée Société à Mission (avec l’aide du Directeur Général du CEDRE).
Notre engagement RSE comporte également un autre axe. Un partenariat a ainsi été mis en place en 2021 avec Mutuel Waste, basée dans les Yvelines, pour la transformation des palettes en briquettes allume- feu. Les cartons d’emballages sont systématiquement réutilisés pour la préparation des commandes. Enfin, nous venons d’équiper notre véhicule d’un boitier éthanol, moins polluant pour nos déplacements.
Comment avez vous trouvé votre principal fournisseur ?
J’ai vécu 10 ans à côté de Barcelone en Espagne, des amis ont une exploitation d’oliviers, noyers, amandiers et noisetiers près de Tarragone. Peu de temps après notre arrivée en Espagne (en 1991), nous sommes invités chez eux et ils nous font découvrir la coopérative qui produit leur huile d’olive. En goûtant l’huile d’olive tout juste extraite à froid, j’ai eu l’impression de toucher à quelque chose de divin. Nous sommes alors devenus clients, et la coopérative, notre principal fournisseur.
L’Espagne se situe au 1er rang des producteurs mondiaux d’huile d’olive, à hauteur de 65%. La concurrence est donc vive entre les producteurs espagnols. Depuis 1999, cette huile d’olive extra vierge a été primée 5 fois au Concours de la meilleure huile d’olive d’Espagne, dont la dernière en avril 2022.
Comment sourcez-vous vos autres produits ?
La coopérative propose des produits locaux : noisettes, amandes, olives et noix. Elle conditionne aussi quelques fruits secs importés (raisins secs, pistaches, noix de cajou, noix de coco).
Mon deuxième fournisseur, situé en France, est le fils d’une cliente qui fait du miel dans la Drome (labelisé Bio en 2021), référencé à la ferme de Gally et chez Poilâne.
Comment vendez vous vos produits ?
-Dans des ventes privées: à domicile, dans des écoles, paroisses, associations.
-Lors de salons professionnels et ventes en entreprises organisées avec les CSE et conciergeries d’entreprise.
-Je travaille aussi avec et une coopérative alimentaire qui représente plus de 10% de mon CA annuel.
Notre boutique en ligne est opérationnelle depuis avril 2022.
J’ai vu que vous étiez très présente sur les réseaux sociaux, comment vous êtes vous formée?
J’ai suivi le parcours « Boost Entrepreneur au féminin » et une formation digitale à la CCI en 2022.
Quel bilan faites-vous de votre expérience de cheffe d’entreprise jusqu’ici ?
Aimez-vous être votre propre patronne ?
C’est génial même si c’est parfois stressant, d’ici Noël nous serons présents sur 24 ventes. Cela nécessite d’être organisée. Je suis épaulée par mon mari le week-end, par la nouvelle salariée embauchée en alternance en septembre dernier, et ponctuellement par d’autres bénévoles.
Il faut faire confiance ! C’est sympa, c’est varié, on ne s’ennuie jamais !
Je gère mon temps comme je le souhaite (je peux profiter de ma famille tout l’été), et j’apprécie de pouvoir me former.
Que pensez-vous de l’accompagnement par notre association ? Que retenez vous de cette expérience ?
L’accompagnement avec Jean Paul et Etienne a été précieux. Ils m’ont prodigué des conseils pertinents surtout quand un grand groupe alimentaire a menacé de me poursuivre en justice!
Auriez-vous un ou plusieurs conseils a donner à quelqu’un qui souhaite / hésite à se lancer dans l’entreprenariat ?
Foncez, n’ayez pas peur !
Avez-vous une citation positive qui vous aide au quotidien ?
Savoir bien s’entourer, ne pas rester seul, en adhérant à des groupements d’entrepreneurs.
Quand on ne sait pas, faire appel aux sachants.
Retrouvez Amaïtierra ici